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«Le
génie du vin est dans le cépage», écrivit Olivier de Serres. Il
était déjà présent sur les rives du Rhin à la fin du XVème siècle.
Il occupe actuellement 23 % des surfaces plantées (13 % il y a vingt-cinq ans).
Le riesling est un cépage tardif (ce qui le préserve des gelées de
printemps). Il donne ses meilleurs résultats sur les terroirs bien exposés et
sur les sols pas trop lourds: schisteux, sablo-argileux, limoneux, riches en éléments
grossiers. Vin fin, sec et racé, il est caractérisé par des arômes délicatement
fruités, floraux ou minéraux selon les terroirs. Ces arômes évoluent au
cours du vieillissement. En effet, contrairement à une opinion très répandue,
certains rieslings, en particulier les grands crus, ont une excellente aptitude
au vieillissement. Ce cépage est le compagnon idéal pour les poissons, les
crustacés, les volailles, les viandes blanches et, bien sûr, la choucroute à
l’alsacienne. Pour les Alsaciens c’est le vin d’Alsace par excellence. Ils
lui ont d’ailleurs consacré un poème: Du
Riesling dans le verre, Le gewurztraminer Il
tire son nom du village de Tramin (Termeno) dans le Tyrol italien où il
était déjà présent au XIème siècle. Dans de nombreux pays, il est
encore appelé traminer. En Alsace, jusqu’au début des années 70, il était
commercialisé soit comme traminer, soit comme gewurztraminer. Depuis la mise en
place du «nouveau statut des vins d’Alsace», seule la dénomination
gewurztraminer est admise. Les surfaces qui lui sont consacrées (18 %) sont
pratiquement stables. Il aime les bonnes expositions, les sols marneux,
profonds, légèrement calcaires. Il donne des vins puissants, ce qui n’exclut
ni la finesse ni la délicatesse, aux arômes de fruits mûrs, de rose et d’épices.
Il a une excellente aptitude au vieillissement, surtout lorsqu’il s’agit des
vendanges tardives ou de sélection de grains nobles. Il accompagne parfaitement
les plats exotiques, le munster, les desserts... Le tokay pinot gris (ou la légende de Lazare de Schwendi) Jusqu’au
début des années 80, les vins issus de ce cépage étaient commercialisés
sous la dénomination « tokay ». La légende voulait que ce cépage ait été
rapporté de Hongrie par le baron Lazare de Schwendi après sa victoire sur les
Turcs au XVIème siècle. S’il est possible que le baron ait rapporté
des plants de vigne de Hongrie, il ne pouvait pas s’agir du cépage cultivé
actuellement en Alsace. En effet, à l’époque, il n’était pas présent en
Hongrie (on le trouve maintenant sur les rives du lac Balaton sous le nom de Szükebarat).
D’ailleurs, les tokays hongrois sont élaborés à partir de cépages qui
n’ont rien à voir avec le pinot gris: le furmint et l’harslevelu. Le muscat Sa
présence est déjà signalée en Alsace au début du XVIème siècle. Il
n’occupe que 3 % des surfaces plantées. Cela s’explique en partie par le
fait que lorsqu’ils sont cultivés dans des zones septentrionales, les cépages
muscat sont très sensibles à la coulure (non fécondation des fleurs) si les
conditions climatiques ne sont pas favorables. Deux variétés de muscat sont
cultivées en Alsace: le muscat d’Alsace, ou muscat à petits grains, et le
muscat ottonel. Ce dernier n’est cultivé en Alsace que depuis le siècle
dernier. Les vins issus de muscat produits en Alsace n’ont rien à voir avec
ceux du Midi (muscat de Rivesaltes, de Frontignan, etc.). Le muscat d’Alsace
est un vin sec, voire très sec, au fruité inimitable, avec des arômes fins et
subtils de raisins frais. Vin d’apéritif et de réception par excellence, il
accompagne parfaitement les asperges, en particulier celles produites en Alsace
dont la qualité n’est plus à démontrer. Le pinot blanc, appelé localement klevener Ce
cépage, d’origine française, fait partie de la grande famille des pinots. Ce
serait une mutation du pinot noir mais sur ce point les spécialistes sont très
divisés. En Alsace, les superficies plantées en pinot blanc ont presque doublé
en trente ans (actuellement 21 %). Cette augmentation spectaculaire est une des
conséquences de l’engouement pour le crémant d’Alsace. En effet, les vins
issus de ce cépage représentent une part très importante des vins mis en
oeuvre pour l’élaboration du crémant. Le pinot blanc aime les sols limoneux,
légers et fertiles. Ce cépage donne des vins tendres, délicats, légèrement
fruités, qui allient fraîcheur, corps et souplesse. Le pinot blanc s’accorde
avec de nombreux mets: quiches, fruits de mer, buffets campagnards... En Alsace,
l’auxerrois, qui n’est pas originaire de l’Yonne, comme son nom pourrait
le laisser supposer, mais de Lorraine, est assimilé au pinot blanc. Le sylvaner Ce
cépage en provenance d’Autriche a été introduit en Alsace au milieu du siècle
dernier. Très résistant sous les climats difficiles, il s’est rapidement
imposé, pour atteindre presque 30% des surfaces plantées à la fin des années
60. De nos jours, il ne représente plus que 15 %. Sur de nombreuses parcelles,
il a été remplacé par du pinot blanc, pour les raisons que nous avons déjà
évoquées. Il aime les sols profonds, sableux et calcaires. Ce vin est à boire
jeune: il est frais, léger et fruité. Sur certains terroirs (par exemple à
Mittelbergheim), il peut atteindre une qualité tout à fait remarquable. Il
accompagne les fruits de mer, les quiches, les charcuteries... Le
chasselas Ce
cépage, très présent en Suisse et en Savoie, est admis pour l‘AOC Alsace.
Il ne représente plus que 1 % de l’encépagement. Le pinot noir C’est
le seul cépage admis en Alsace pour la production de vin rouge et rosé. Il
représente 9 % de l’encépagement du vignoble. Il est important de rappeler
que c’est à partir de ce même cépage que sont élaborés tous les grands
bourgognes rouges et une part importante des vins de Champagne. Il aime les sols
calcaires et caillouteux. Parmi les secteurs les plus réputés doivent être
cités: Saint-Hippolyte, Turckheim, Rodern, Marlenheim... et bien évidemment
Ottrott et son célèbre rouge. Le savagnin rose Comme
pour de nombreux cépages, son origine est source de polémique, mais il est généralement
admis qu’il s’agit du vieux traminer. Dans ce cas, il est originaire du
Tyrol italien (comme le gewurztraminer). Introduit en Alsace il y a deux cent
cinquante ans, il occupe quelques hectares entre Barr et Obernai. Les vins issus
de ce cépage, provenant d’une zone délimitée, sont commercialisés en vins
d’Alsace klevener de Heiligenstein. À
signaler également le chardonnay, autorisé pour l‘AOC Crémant
d’Alsace. Quant à l’edelzwicker, il ne s’agit pas d’un cépage
mais d’un vin issu généralement de l’assemblage harmonieux de vins de différents
cépages alsaciens. La question de la qualité de ce vin est souvent posée.
C’est un peu comme la langue d’Esope... Tout dépend de la qualité des cépages
intervenant dans l’assemblage.
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